Questions de genre sans frontières, ni tabous

L’actualité récente nous plonge dans la complexité des débats sur le genre. Pleins feux sur un formidable projet européen – Belgique, France, Pologne – autour de cette thématique, mené par des jeunes pour des jeunes. Avec panache.

Ils ont entre treize et dix-huit ans et sont très motivés. Pendant toute une année, ces ados se sont retrouvés tous les mercredi après-midi à l’AJMO de Charleroi. Au cœur des débats, les relations filles-garçons et la question des très jeunes parents. Ensemble, ils confrontent leurs opinions, évoquent les préjugés véhiculés ici ou là. Du playboy macho à la mini-jupe, les échanges aiguisent leur sens critique.

Débattre, c’est important, nous dit Jade, 17 ans. Ce qui m’a plu, c’est d’échanger avec d’autres, de partager mes opinions et ce que je ressens. Par exemple, je rêve de faire une carrière militaire. Et j’ai de la chance car cela ne pose pas de problèmes pour mes parents. Ils sont ouverts sur l’égalité des sexes. Ce n’est pas le cas dans tous les milieux familiaux, ni dans toutes les cultures.

EuropAdo a permis à Néo, 14 ans, de prendre conscience des inégalités entre filles et garçons. On doit se bouger pour faire changer les choses. J’ai lié de nouvelles amitiés, en Pologne mais aussi à Toulouse. Je suis moins timide et j’ose davantage aller vers les autres. Ce qui m’a marqué, c’est qu’en Pologne, il me semble que les femmes sont davantage respectées qu’ici à Charleroi ou qu’à Toulouse. Cela m’a interpellé.

Les jeunes qui passent la porte de l’AJMO sont parfois en décrochage scolaire, nous confie Tiffany Candeloro de l’AJMO.  Ils n’ont pas tous eu un parcours sans embûches. Ces projets européens ouvrent leurs horizons et leur permettent de découvrir d’autres cultures. Ils aiment partir, dialoguer avec d’autres jeunes. Ici, les rencontres internationales ont eu lieu dans chacun des trois pays pendant quatre jours. Ce fut l’occasion d’amorcer le dialogue, mais ensuite, ils ont continué à échanger.  Les vidéos ont aussi tourné d’un pays à l’autre. Nous avons constaté ici que ce groupe est vraiment impliqué au niveau local, les acteurs du projet posent un vrai regard sur leur ville.

Le 25 novembre dernier, le rideau s’ouvre sur leur présentation publique. Ce fut un vrai succès, s’exclame Tiffany. Ce projet est totalement innovant, à mon sens. Les jeunes l’ont mené de A à Z. Ils ont confectionné le budget, imaginé les supports de communication.  Aujourd’hui, un site web, des affiches et des vidéos rendent compte de cette belle dynamique. Les ados étaient motivés car ces questions les touchent souvent au quotidien. Pendant l’événement, ils avaient invité trois femmes boxeuses, une camionneuse, un homme de ménage…  Une panne de courant a coupé le fil de la soirée mais ce sont les jeunes qui ont mené et relancé le débat de mains de maître. Ils ont acquis une belle confiance en eux ! Dans le public, on a eu la chance d’accueillir l’échevine de l’aide à la jeunesse de Charleroi. Ils ont aussi appris à mieux appréhender la complexité de relations institutionnelles.

Cette initiative rentre dans un cadre assez méconnu du grand public, explique Alexandre Gofflot, coordinateur de ce programme au Bureau International de la Jeunesse. Il finance des projets internationaux menés par les jeunes pour les jeunes. Le BIj essaie d’avoir une vraie politique d’accompagnement et de suivi pour de tels projets. Ce qui m’a marqué avec EuropAdo, c’est qu’on a vu une vraie évolution. Les participants ont acquis une véritable aisance dans la prise de parole. Ils sont fiers du projet. Que rêver de mieux…

Emmanuelle Dejaiffe

 Prolongation

EuropAdo est financé dans le cadre du programme Initiatives Jeunes Transnationales du Bureau International de la Jeunesse.  Le BIJ est en charge de la gestion du programme Erasmus + pour la partie Jeunesse en Belgique francophone.

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